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BARROGRAPHE
17 avril 2020

Quelques nouvelles du Front

Depuis le début de cette épidémie et la mise en place du confinement, je pense à tous ceux qui sont dans l'obligation d'aller sur le terrain et  se confronter aux risques. Et comme tout le monde, je leur adresse un grand MERCI, aux visibles comme aux invisibles. Je pense aussi à toutes ces personnes qui sont confinées dans des établissements qu'elles soient âgées ou en situation de handicap, en attente de régularisation .. et dont la vie en collectivité représente un risque supplémentaire.

Voici donc un entretien téléphonique avec Virginie Berger, aide soignante en EPHAD afin d’avoir des nouvelles du front (ou plutôt d’un des fronts)

Dans quelle EPHAD travaille tu ?  « Les Boutons d’Or à Ruffec, une petite maison de retraite où résident 27 personnes dont la majorité ont entre 90 et 109 ans. »

Comment le risque de Coronavirus a été géré depuis le début de l’épidémie ? « A partir du 1er mars, les visites extérieures ont été interdites afin de limiter les risques de contagion par les visiteurs.
A partir du 17 mars, annonce par le Président de la République du confinement, nous n’avons pas reçu de directive de la part de l’Agence Régionale de Santé (ARS), il a alors été décidé de ne pas confiner les résidents dans leur chambre et de preserver le lien social, cependant l’ensemble des gestes barrières ont été mis en place. Les résidents mangent à un mètre les uns des autres au réfectoire, pareil lors des animations, nous faisons en sorte qu’ils ne se croisent pas dans les couloirs lors des sorties au jardin.
Le 1er avril, suite aux annonces du gouvernement, nous avons décidé de confiner les personnes dans leur chambre. »

 Au niveau du personnel, quelles ont été les mesures ? « Nous avons dû tous annuler nos congés prévus durant cette période. L’objectif est d’éviter d'embaucher du personnel intérimaire afin de minimiser les risques de contamination qui seraient dû à la multiplication de contacts extérieurs.
En plus des mesures d’hygiène habituelles, nous portons des masques et chaque jour à l’embauche, nous prenons notre température depuis le 17 mars. » « Nous prenons également la température des résidents quotidiennement ».

Tu parles de masques, en avez-vous eu depuis le départ de l’épidémie ? « Maintenant oui, nous avons tout ce qu’il faut mais au départ, nous en avons vite manqué et il y a eu quelques jours délicats où nous devions les économiser. Nous avons été livré vers la fin du moins de mars. »

Est ce que tu as des inquiétudes par rapport aux résidents ? « Nous avons toutes un peu la peur de ramener le COVID dans la maison de retraite, on sait que ça pourrait être fatale aux personnes âgées. Etant donné que les résidents n’ont d’autres contacts que nous, nous connaissons notre responsabilité.
Il faut savoir que nous ne sommes pas testés, nous pourrions l’être seulement si un cas se déclare à l’intérieur de la maison de retraite.
Du point de vue psychologique, nos résidents vont bien, pour la plupart ils comprennent la situation et ne sont pas inquiets pour eux, d’avantage pour leur famille, pour nous, pour les plus jeunes. C’est plus compliqué pour ceux qui ont des troubles cognitifs et dont le changement d’habitude et le manque de lien social ont un mauvais impact sur leur état psychique. Nous voyons leur état se dégrader assez vite»

Les résidents ne se sentent pas trop isolés dans leur chambre ? « Nous avons la chance d’être une toute petite structure et aussi d’avoir un jardin. Chaque jour, nous proposons aux résidents de les accompagner jusqu’au jardin. Depuis qu’ils sont confinés, certaines dames s’appellent par téléphone d’une chambre à l’autre. Des actions ont été mises en place depuis le début du mois de mars pour garder le lien avec les familles.
Il y a parfois de belles surprises, un résident musicien a souhaité sortir de sa chambre pour jouer du violon, nous avons alors fait en sorte que ce soit possible, et il a joué 3 morceaux depuis le couloir devant la porte de sa voisine. Ils ne se connaissaient pas avant, la dame, doyenne de la maison du haut de ses 109 ans, ne souhaite jamais sortir de sa chambre. Depuis il lui joue du violon de temps en temps."

 Et la suite ? « Le confinement continue jusqu’à nouvel ordre, nous ne savons pas encore pendant combien de temps. L’inquiétude de faire entrer le COVI-19 reste présente…"

Merci à virginie d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.

Bon courage à tous ceux qui sont sur le front, quelqu’il soit.

 

Noémie Pinganaud

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