Vents dominants et vents contraires
Lundi
28 juin , une réunion publique d’explication sur le projet éolien Barro-Condac
avait lieu, salle des fêtes de Barro. Relativement peu de Barrotois avaient
fait le déplacement…
Aux
commandes, en plus des maires de Barro, Condac et du président de la Communauté
de Communes, trois techniciens abreuvaient le quidam d’explications simples et
précises. Deux chefs de projet de la Compagnie du Vent et une chef de projet de
la société ABIES chargée de la coordination des différents acteurs obligatoires
en amont de la construction des « grands moulins ». (coordination des
expertises, étude paysagère, recherche et étude de l’impact des éoliennes sur
l’environnement et ses habitants…)
On
apprit ainsi que la Compagnie du Vent avait vingt ans d’expérience éolienne
derrière elle, que le capital était détenu pour 56,8% par GDF SUEZ et le reste
par le créateur de la compagnie qui en est aussi le président directeur
général.
Les
arguments du pourquoi de l’éolien furent avancés : problème
d’énergie, non polluante etc… on
connaît. Il fut aussi « tenté » de nous « démontrer » que
l’attrait touristique des parcs éoliens apporterait à nos paysages charentais
de nouvelles raisons de se satisfaire d’avoir été
« redessinés »… !
On
apprit que les éoliennes barrotoises produiront 3,3 MW (mégawatts) chacune,
(les progrès techniques permettant un tel rendement) que la tour en acier
mesurera 94 mètres de haut, que les pales en matériaux composites feront 55m et
que la hauteur totale de l’éolienne équipée sera de 149 m
On
nous montra des photomontages sur l’impact visuel des machines, la plus proche
étant à 600m des maisons.
On
nous fit comprendre que c’était une volonté politique des élus de la Communauté
de Communes d’avoir accepté la proposition de la Compagnie du Vent, la décision
ayant été votée aux conseils municipaux et à la Communauté de Communes.
On
nous exposa les dernières moutures des retombées économiques suite à la
suppression de la taxe professionnelle.
Evidemment,
les nouvelles décisions gouvernementales attaquent sérieusement l’argument
financier d’une telle installation qui avait été avancé à l’annonce du projet.
Au
dernier calcul… qui risque d’être revu… la commune de Barro toucherait
33302 euros par an (contre une prévision initiale de 112000 euros), la
communauté de commune 68181 euros et Condac 8326 euros. Ces sommes là étant
théoriques dans l’avenir puisque personne ne sait aujourd’hui ce que sera la
fiscalité des entreprises.
Le
maire de Barro exposa les projets d’aménagement que la Compagnie du Vent
financeraient. Beaucoup, et nous les premiers, ne comprirent pas tout de suite
que, vu la baisse des retombées économiques , les élus avaient demandé à la
Compagnie du Vent de financer DIRECTEMENT et en plus de la taxe obligatoire la
liste des travaux énoncés (enfouissement d’une partie du réseau
électrique, réfection du puits du
bourg, réparation d’un lavoir en mauvais état … etc. une liste de travaux qui
avoisinent les 50 000 euros).
Selon
le Maire la Compagnie du Vent aurait accepté de payer tous ces travaux supplémentaires. Il reste à espérer
qu’un engagement écrit précisant ces promesses sera communiqué à nos
concitoyens et que les lotissements voisins des éoliennes ne seront pas oubliés
dans le projet.
On
en arriva au cœur des questions réponses. Ce fut vite un échange verbal nerveux
entre pros et anti-éoliens.
L’association
La Croisée des vents, initiatrice d’une pétition barrotoise destinée à faire
reculer les engins le plus loin possible des maisons se fit remarquer par sa
virulence au cours des échanges
On
parla , fort, du bruit des éoliennes.
On
reparla de la nécessité technique de construire des centrales thermiques pour
pallier aux défaillances de l’éolien. Les explications confuses noyèrent les
réponses.
On
apprit qu’un fonds pour le démantèlement des machines en fin de vie serait
prévu mais que la loi n’était toujours pas votée.
On
nous expliqua que la différence de prix d’achat de l’électricité aux éoliens
par EDF et son prix de vente, inférieur, aux particuliers était prise en charge par une taxe payée par le
consommateur (voir facture EDF) et non par de l’argent public. (La différence
est essentielle mais, au fond, ce sont les mêmes qui payent).
Les
membres d’une association contre l’implantation d’un parc important d’éoliennes
dans des communes du Nord Charente et Sud Vienne essayèrent d’exposer leurs
griefs mais le débat fut rapidement recentré par les élus sur Barro.
On
voit bien que la décision est prise par nos élus et c’était leur rôle d’en
prendre une. Ils ont choisi !
Bien
sûr la pilule est dure à avaler pour les voisins immédiats des machines qui
appréhendent de voir leur paysage
habituel bouleversé et c’est bien compréhensible.
Visiblement
le processus est lancé avec deux doses d’espoir de rentabilité financière pour
les communes et Communauté de Communes et une dose d’écologie sans doute
sincère de la part de nos élus, sans être dupe : la Compagnie du Vent est
d’abord une société d’investissement faite pour gagner de l’argent au nom de l’écologie (dont les
représentants sont arrivés avec un gros 4x4 de luxe bien consommateur et ce
n’était pas éco représentatif).
De
leur côté, aux dernières nouvelles, les opposants ont déposé la pétition auprès de la préfecture… le préfet,
sans doute aussi en fonction des futures décisions de l’Etat quant aux critères
d’implantation éolien tranchera.
Il faut savoir que l’objectif en Poitou-Charentes est de 330 MW. La production actuelle est de 54 MW. Ce qui signifie qu’en « haut lieu » la décision de construire encore 75 éoliennes démontre le caractère politique incontournable du projet.
Tout ce qu’on souhaite fortement c’est qu’avec ou sans machines la paix et la convivialité dominent dans notre commune, sans pour autant empêcher les débats peut être passionnels mais constructifs.
Les barrographistes de service